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Ferdinand de Lesseps

Ferdinand de Lesseps, le diplomate, le créateur de Suez, le pionnier de Panama

Ferdinand de Lesseps est né à Versailles le 19 novembre 1805. Son père, Mathieu de Lesseps, était diplomate de carrière, et se trouvait alors en congé.

Du côté paternel, son ascendance plonge ses racines très profondément dans le pays basque, où se succèdent des générations d’hommes d’armes et d’hommes de loi honorablement connus à Bayonne. Au 18ème siècle se manifestent, chez les Lesseps, des goûts plus aventureux. L’oncle de Ferdinand, Barthélemy de Lesseps, tout jeune encore, fait la connaissance de La Pérouse, et appareille sur « L’Astrobale ». Au bout de deux années de navigation, La Pérouse charge le jeune Lesseps de regagner la France pour apporter au roi Louis XV des nouvelles de l’expédition. Commence alors pour Barthélémy une odyssée de quatorze mois à travers l’immensité glacée de la Sibérie, avant de pouvoir remettre au roi, les dernières nouvelles que l’on ait reçues de l’expédition La Pérouse.

Le père de Ferdinand, Mathieu, frère cadet de Barthélemy, entreprend encore jeune une carrière diplomatique qui devait le conduire dans divers postes consulaires sur les bords de la Méditerranée : Maroc, Libye, Espagne. En 1803 ou 1804, Bonaparte lui confie les fonctions de Commissaire général en Egypte. Avec une grande clairvoyance, Mathieu comprend tout de suite le rôle que pouvait jouer, dans le gouvernement du pays, l’aventurier de génie que fut Méhémet-Ali, le véritable fondateur de l’Etat égyptien moderne. Il ne cessa de soutenir le pacha dans l’ascension de celui-ci vers le pouvoir, et lorsqu’il devient vice-roi, il lui assure le soutien de la France. De là, naquit des liens d’amitié qui devaient peser lourd, cinquante ans plus tard, dans la destinée de Ferdinand.

Madame de Lesseps, sa mère, était née Catherine de Grivegnée, famille d’origine flamande et espagnole. Ferdinand, souvent reçu à Madrid chez sa cousine germaine la Comtesse de Montijo, y rencontra une toute jeune fille, Eugénie, qui allait devenir l’Impératrice des Français. Des liens d’amitié très étroits unirent Eugénie à Ferdinand qui en plusieurs occasions eut recours à sa nièce pour se concilier la faveur de l’Empereur.

Le diplomate

Dès l’âge de 20 ans, sur les instances de son oncle Barthélémy, Ferdinand de Lesseps fait ses premières armes dans la carrière diplomatique. Aux côtés de son oncle, il est pendant deux ans attaché d’ambassade à Lisbonne. Puis il passe quelques années auprès de son père, chargé d’affaires à Tunis.

En 1832, Ferdinand est nommé en Egypte, en qualité de vice-consul à Alexandrie. A cette époque, Méhémet Ali avait déjà transformé son pays, par une politique énergique. Il dote l’Egypte d’institutions modernes, entreprend de grands travaux avec le concours d’ingénieurs et d’administrateurs européens, parmi lesquels les français tiennent une très grande place.

En 1835, Ferdinand de Lesseps est nommé consul général à Alexandrie où il reste encore deux ans. C’est à ce moment que Méhémet Ali lui confie l’éducation d’un de ses plus jeune fils, Mohammed Saïd, avec lequel il s’entend particulièrement bien.

En 1837 il épouse Agathe Delamalle, qui décédera en 1853 et avec laquelle il aura 5 enfants.

Il assure encore des fonctions consulaires aux Pays-Bas et en Espagne. En 1849, Lesseps est désigné pour mener les négociations pendant la campagne des français à Rome. Il servit de bouc émissaire pour faire passer l’échec de l’affaire romaine. Sa carrière diplomatique est stoppée.

Le créateur de Suez

Pendant quelques années, Lesseps devient exploitant agricole. Il avait fait acheter par sa belle-mère, Madame Delamalle, une grande propriété située dans l’Indre. Le manoir de la Chesnaye, ancienne résidence d’Agnès Sorel, avait besoin d’être restauré et la propriété mise en valeur. Lesseps y consacra tous ses soins. Dans ses instants de loisirs, il reprend d’anciens dossiers qu’il avait constitués lors de son premier séjour en Egypte, entre 1832 et 1837. Parmi ceux-ci, il y avait les travaux qui avaient été accomplis dans l’isthme de Suez, en particulier l’étude faite par l’ingénieur Le Père pendant la campagne de Bonaparte, ainsi que les investigations complémentaires d’un ingénieur français, Linant de Bellefonds. Lesseps s’était pris d’une passion pour le projet qu’on appelait à l’époque le « Canal des deux mers ». Il avait même rédigé, en 1852, un mémoire sur la question, qu’il avait fait traduire en arabe et remettre au vice-roi d’alors, Abbas-Pacha. Cette première démarche n’eut aucune suite.

Deux ans plus tard, il apprend qu’Abbas-Pacha vient de mourir et qu’il est remplacé par un des derniers fils de Méhémet Ali, Mohammed-Saïd, qu’il avait bien connu lors de son premier séjour en Egypte. Il lui écrit aussitôt pour le féliciter. Par retour du courrier, Lesseps reçoit de Saïd une invitation à se rendre en Egypte. Le 7 novembre 1854, il débarque à Alexandrie. Il abordera avec le vice-roi le sujet qui lui tient à coeur.

Le 30 novembre 1854, Mohamed-Saïd accorde à « son ami Ferdinand de Lesseps le pouvoir exclusif de constituer et de diriger une compagnie universelle pour le percement de l’isthme de Suez et l’exploitation d’un canal entre les deux mers ».

Après trois années de démarches incessantes, Lesseps procède le 15 décembre 1858 à la constitution définitive de la Compagnie Universelle du Canal Maritime de Suez. Le premier coup de pioche est donné le 25 avril 1859. En dépit de multiples difficultés techniques et diplomatiques, le canal est inauguré du 17 au 20 novembre 1869.

A l’issue de l’inauguration du canal, il épousa à Ismaïlia en secondes noces Louise Hélène Autard de Bragard qui lui donnera 12 enfants.

Lesseps est reçu à l’Académie des Sciences en 1873.

Le pionner de Panama

C’est en 1879, lors du congrès de géographie réuni à la Société de géographie à Paris, que Lesseps, alors âgé de 74 ans, devenu président du comité français pour le percement d’un canal interocéanique en Amérique centrale, accepte cette charge. Celle-ci est moins glorieuse que la précédente, car elle se termine sur un échec temporaire, dans un climat de passion politique et de scandale.

Les fondations creusées par Lesseps au Panama furent suffisamment solides pour permettre aux Etats-Unis, au début du 20ème siècle, de reprendre les travaux et de les mener à bien. Encore aujourd’hui, le nom de Lesseps est à ce titre fort respecté au Panama.

Lesseps fut élu à l’Académie Française le 21 février 1884, il y fut reçu le 23 avril 1885 par Ernest Renan.

Il s’éteignit le 7 décembre 1894, Grand-Croix de la Légion d’Honneur, à la Chesnaye, objet de funérailles nationales, il fut inhumé au Père Lachaise.

Blibliographie

  • BATBEDAT (Th.) : de Lesseps intime, F. Juven, non daté
  • de DIESBACH (Ghislain) : Ferdinand de Lesseps, Perrin,1998, prix de la Fondation Napoléon
  • EDGAR-BONNET (Georges) : Ferdinand de Lesseps : le créateur de Suez, Plon, 1951
  • de LESSEPS (Alexandre) : Moi, Ferdinand de Lesseps, Olivier Orban, 1986
  • de LESSEPS (Ferdinand) : Souvenirs de quarante ans, 2 vol, Nouvelle Revue, 1887
  • PALUEL-MARMONT : Lesseps, le perceur d’isthmes, Mame à Tours, 1946
  • TESSON (Thierry) : Ferdinand de Lesseps, Editions Jean-Claude Lattès, 1992
  • MASSE (Danièle) : Lesseps, le rêve des Pharaons, Magellan & Cie, 2007